Qui êtes-vous ?

Jerusalem, Israel
Journaliste indépendante, je suis installée à Jérusalem depuis septembre 2009, après avoir vécu à Kaboul (Afghanistan)de janvier 2007 à décembre 2008. Lors de ces deux années, j'ai couvert pour plusieurs media, l'actualité afghane. Presse écrite, radio ou encore télé, j'ai multiplié les collaborations en radio et presse écrite. Correspondante de RFI, RTL, Radio Vatican, France Info, France Inter, France Culture et I télé, Le Parisien, L'Equipe Magazine, Le Figaro, Figaro Magazine, CB News, La Nouvelle République. Rentrée pour quelques mois en France, j'ai effectué quelques CDD chez RFI avant de repartir m'installer à l'étranger.

03/11/2008

Elections américaines: les réactions du président Karzai

« Nous rentrons dans une ère nouvelle où la race, la couleur et l’origine ethnique, je l’espère, vont disparaitre de la politique dans le reste du monde » a félicité le président afghan Hamid Karzai, faisant allusion aux nombreux problèmes ethniques en Afghanistan.
Mais très rapidement après ces compliments, Hamid Karzai a exprimé sa préoccupation principale qui est aussi celle des Afghans. « Notre première et plus importante demande, notre priorité, c’est de mettre fin aux frappes aériennes visant les civils en Afghanistan. Ce n’est pas avec les bombardements qu’on gagnera la guerre contre le terrorisme » a exprimé avec virulence le président afghan. Car le jour des résultats, un bombardement des forces étrangères a accidentellement touché un mariage dans le sud du pays, près de Kandahar, faisant plusieurs victimes. L’armée américaine a confirmé cet « incident ».
Barack Obama a promis de renforcer la présence militaire en Afghanistan qui s’élève aujourd’hui à 33 000 soldats et de s’atteler au problème de la frontière avec le Pakistan où se cacheraient les combattants d’Al Qaeda.
Le problème des victimes civiles est une véritable polémique en Afghanistan. Et si les Américains ne diminuent pas leurs bavures, le président Hamid Karzai pourrait, comme il l’a menacé, renégocier la présence des forces étrangères dans son pays.
Constance de Bonnaventure

25/10/2008

Palwasha Kakar, vice ministre des affaires féminines, portrait d'une lutte quotidienne

En plein centre-ville de Kaboul, on passe un barrage surveillé par la police, direction la fouille, avant de pouvoir pénétrer au sein du Ministère afghan des Affaires Féminines. C’est ici que Palwasha Kakar, 40 ans, vice-ministre des Affaires Féminines, occupe à elle seule un grand bureau. Comme la plupart des bâtiments publics de Kaboul, ce ministère est une cible potentielle pour les attentats. La haute sécurité est donc de rigueur.
Ses trois téléphone portables sonnent en permanence, sa secrétaire lui annonce plusieurs rendez- vous. Active et déterminée, elle l’est. Avant d’arriver à ce poste, Palwasha Kakar a multiplié les expériences de terrain : pendant près de 20 ans, elle a combattu les injustices envers les femmes. « Les Afghans me connaissent, non pas pour ce que je suis aujourd’hui, mais pour mes actions passées. Avant j’étais tout le temps avec les gens, même pendant la guerre » raconte-t-elle.
Palwasha Kakar fait partie du gouvernement afghan d’Hamid Karzai. Un poste officiel qu’elle juge contraignant, elle qui fut une activiste pendant des années. Pourtant, elle est un des rares exemples parmi les femmes afghanes, à avoir su et pu contourner presque tous les obstacles à sa réussite. Retour sur un parcours bourré d’embûches et sur une lutte interminable…
Aujourd’hui Palwasha Kakar est littéralement désabusée. Elle n’a plus la foi d’antan. « Moi je suis une activiste, donc aujourd’hui je suis malheureuse dans ce bureau. Je suis en prison, je ne peux même pas sortir de la maison ! ». Pourtant, elle explique qu’elle n’a pas le choix. C’est entre autre par mesure de sécurité qu’on lui a proposé ce poste. Depuis quelques temps elle est devenue l’objet de menaces récurrentes, non seulement de la part des Taliban mais aussi d’anciens chefs de guerre qui contestent son pouvoir. « J’ai reçu plusieurs menaces de mort m’accusant d’aimer les Etats-Unis. Je suis nerveuse maintenant, j’ai peur de tout, c’est trop dangereux. C’est aussi pour ça que je suis revenue à Kaboul. C’est plus sur de travailler au ministère ». Comme beaucoup d’autres femmes afghanes, Palwasha risque sa vie, simplement en travaillant. En septembre dernier, Malalai Kakar, la policière la plus connue d’Afghanistan a été assassinée à la porte de son domicile. Assassinat revendiqué par les Taliban, mais dont les circonstances sont encore troubles. D’autres femmes comme des journalistes célèbres ont été tuées en 2008. Malgré l’instauration d’une république en Afghanistan, Palwasha Kakar se plaint de la très faible liberté d’expression : « je n’ai pas le droit d’ouvrir ma bouche. Je ne sais même pas qui me supporte. Avec la position que j’ai, je ne peux pas parler honnêtement ».
Pour Palwasha Kakar, le pays est en guerre et toute une partie de la population est oubliée de l’aide internationale. Elle déplore que le Ministère des Affaires féminines ne travaille qu’à Kaboul et que beaucoup d’officiels ne connaissent pas la province. « Les ONG ne vont pas dans les endroits où ça va mal. Elles restent seulement à Kaboul, là où il y a la sécurité ! Actuellement, personne ne travaille dans le sud, là où pourtant on aurait besoin de nous. Mais notre ministère n’a aucun budget et aucune idée… Les femmes afghanes savent que ce ministère existe mais elles se demandent à quoi ça sert ! Ce ministère est simplement politique »…c’est un tableau noir de la situation que dresse Palwasha Kakar.
Dans cette période de reconstruction amorcée en 2001 par l’afflux de l’aide internationale, le droit des femmes est loin d’être une priorité. Pourtant, on a voulu les intégrer aux programmes de reconstruction. Par exemple en politique : le Parlement comprend 25% de femmes ; Hamid Karzai a nommé à Bamyan une femme gouverneur et de nombreuses femmes sont policier. En matière d’éducation également où le gouvernement a multiplié la construction d’écoles pour filles et appuyer la formation de professeurs féminins. Beaucoup de problèmes subsistent : les femmes ne sont pas encore suffisamment formées pour endosser des rôles à responsabilité. Il faudra encore des années pour qu’elles prennent leur place. Et comme le souligne Palwasha Kakar, il faut avant tout que les mentalités changent. « On ne peut imposer une libéralisation des mœurs ! Les femmes ne vont pas dans les restaurants, ne choisissent pas leurs maris, ne travaillent pas. On est loin de l’égalité des sexes ! ».

Palwasha a grandi à Jalalabad, grande ville à l’est de l’Afghanistan, proche de la frontière avec le Pakistan. Elle évolue dans une famille aisée proche du roi Zaher Shah, de l’ethnie pachtoune, bercée dans un univers empreint de modernité et de culture. Fille ainée d’une fratrie de huit sœurs, elle passe beaucoup de temps avec sa grand-mère, poétesse et femme libérale qui sera pour elle un modèle.
En 1979, au moment de l’invasion soviétique, la famille de Palwasha souffre du régime communiste. Le père est arrêté puis emprisonné. De déménagement en déménagement, la vie douce et paisible de Jalalalabd était bien révolue. A 18 ans, au lieu de se marier comme la majorité des jeunes filles de son âge, Palwasha privilégie sa carrière et entre comme stagiaire dans la grande station radio de Kaboul. Une fois par jour, elle présente le journal de l’économie et devient petit à petit une animatrice connue et réputée. Mais son refus de joindre le Parti Communiste lui coutera très cher : si Palwasha ne prend pas sa carte du parti, elle ne sera pas engagée. C’est ici que prend fin sa carrière de journaliste. Palwasha reprend alors ses études à l’université de Kaboul en 1984. Diplômée de la faculté de Sciences Sociales, Palwasha devient professeur. Elle s’intéresse particulièrement aux cas de jeunes filles qui, mariées, ne peuvent plus suivre les cours.
L’heure est venue pour elle de se marier. Kabir Kakar demande sa main à son père. Un choix qu’elle ne regrettera jamais. Son mari a toujours soutenu ses ambitions professionnelles. Aujourd’hui, Palwasha Kakar est mère de 4 garçons. « Mon mari me soutient. Il accepte beaucoup de choses pour moi. Il prend des risques. »
En 1992, l’Afghanistan est en proie à une guerre civile sanglante. Palwasha quitte Kaboul pour Jalalabad où pendant près de deux ans, elle travaille comme professeur principale dans un collège. Elle trouve ensuite un poste à l’UNICEF qui l’amène à se promener de villages en villages. C’est à ce moment-là qu’elle découvre les conditions de vie des femmes en zones rurales: pas d’éducation, beaucoup d’enfants et pas grand-chose pour les nourrir. Elle commence alors à organiser des réunions de femmes avec l’accord des mollahs.
Lorsque les Taliban arrivent au pouvoir en 1996, Palwasha espère qu’ils apporteront la sécurité. Mais pendant quelques mois, elle est obligée de rester chez elle et doit cesser ses activités professionnelles. « Sous les taliban, on n’a pas pu travailler pendant 6 mois » témoigne Palwasha. Sitôt qu’elle sortait de chez elle, toute femme devait porter la burka et être accompagnée par un membre de sa famille. Complètement isolée, interdite de travail, Palwasha commence à désespérer. Son mari la tient au courant de la situation des femmes sous le régime taliban. Quelques mois plus tard, après des négociations avec les Taliban, l’UNICEF la rappelle. Palwasha est alors chargée des programmes de vaccinations des enfants. Elle en profite aussi pour reprendre discrètement les discussions avec les femmes des villages et monte des écoles clandestines. « Sous les moudjahidines, les principaux problèmes étaient l’insécurité et la corruption. Sous les taliban, c’était le port de la burka et les femmes qui ne peuvent pas travailler » analyse Palwasha.
Mutée à Hérât en 1998, après un bref passage au Pakistan, Palwasha s’occupe des femmes qui s’immolent par le feu. En 2001, après la chute du régime taliban, Palwasha est pleine d’espoir. La Commission Afghane Indépendante des Droits de l’Homme, institution mise en place après les accords de Bonn et chargée de promouvoir les droits de l’homme la recrute. Elle y passe trois ans comme responsable des droits de la femme, puis devient en 2006 la responsable régionale de cette institution. Ses domaines : les enfants, la justice ou encore les droits de l’homme. « Je comprends bien la situation car je parle beaucoup de dialectes et je me suis promenée dans beaucoup de districts » précise-t-elle.
Pour bon nombre d’Afghans, l’espoir de 2001 né de la chute du régime taliban s’est évaporé pour faire place à un découragement général. Sept ans après la chute des taliban, l’insécurité est palpable et les conditions de vie ne sont pas améliorées, selon les Afghans. « Les femmes ne se sentent pas en sécurité, même dans Kaboul. Regardez, pas une seule ne marche seule dans les rues après 17h. La sécurité était meilleure sous les taliban » déplore Palwasha qui poursuit « aujourd’hui la situation des droits de la femme est meilleure, du moins à Kaboul... Mais les femmes sont loin d’être indépendantes. Elles ne reçoivent quasiment aucune éducation. Et elles souffrent toujours des mariages forcés ou encore de violences conjugales».
Aujourd’hui, Palwasha voudrait quitter l’Afghanistan. Mais pour aller où se demande-t-elle ? « Je voudrai parcourir le monde entier pour que chacun sache ce qu’il se passe ici ! ». Son rêve… changer les esprits des hommes sur les femmes, mais aussi les mentalités des femmes afin qu’elles prennent elles-mêmes leur destin en main.

Les paras français abandonnent un poste de tir missile après une embuscade

L'embuscade s'est déroulée dans la vallée d'Alasai, province de Kapisa à l'est de Kaboul où des soldats français sont déployés depuis cet été. Ils étaient 300 parachutistes français du 8e RPIMA à effectuer une patrouille de reconnaissance quand il se sont fait attaqués par une centaine d’insurgés taliban samedi 25 octobre. Les combats, très violents, ont duré plus de deux heures et les insurgés étaient très bien organisés selon le lieutenant colonel Louisfert, porte parole de l’armée française à Kaboul. Pas de victimes côté français mais les parachutistes ont du abondonner un poste de tir et deux missiles anti char, une arme capable de détruire des véhicules militaires blindés. Abondon qui peut être problématique si les insurgés réussissent à se servir de telles armes. Mais selon l'armée française, l'utilisation de ces postes de tir nécessite une formation spécifique.

En plein combat, voyant qu'ils ne pouvaient récupérer ces missiles, les soldats français ont alors tenté de les détruire, d'abord avec des tirs de mortier. Mais ils étaient trop près d'habitations de civils afghans et n'ont pu demander un soutien aérien par peur des dommages collatéraux. Les soldats français ont alors quitté les lieux du combat. Selon l’armée française, 14 insurgés ont été tués lors de ces affrontements.

Ce n’est que 5 jours après cet événement que l’armée française apporte des détails sur le déroulé de cette embuscade. Lors des affrontements du 18 août qui avait couté la vie à 10 soldats français, les informations étaient parvenues plus rapidement mais de manière moins précise. Rappelons que les soldats français qui ont été pris dans l’embuscade de samedi, appartiennent au même régiment que ceux qui ont perdu la vie le 18 août dernier lors de violents affrontements à l’est de Kaboul.

16/10/2008

Premiers pas vers les élections présidentielles...



Les hauts parleurs accrochés à la voiture tapissée de posters d’information retentissent dans le bazar de Charikar, ville de la Chamalie au nord de Kaboul : « Venez chercher vos cartes d’électeurs. Vous avez un mois pour vous enregistrer ! ». Au total, 4 bureaux ont été installés pour l’occasion dans des bâtiments publics de la ville: écoles, cliniques ou encore mosquées.

Au lycée Sadeqi, deux bureaux ont été ouverts : un pour les femmes, l’autre pour les garçons. Des policiers surveillent les entrées principales. Ce matin, on se bouscule pour récupérer sa nouvelle carte. Outre les nombreux jeunes qui ont atteint la majorité, ce sont aussi les réfugiés qui reviennent d’Iran ou du Pakistan qui ont besoin de s’enregistrer. Dans ce pays où 60% de la population a moins de 25 ans, les jeunes représentent une grande partie de l’électorat.

Wajia, bientôt 18 ans, uniforme noir et petit voile blanc, attend son tour pour se procurer sa première carte. « Je suis ici parce que je veux choisir le président du futur de notre pays. Je veux que l’Afghanistan se redresse. Notre président va surement construire des routes et des choses comme ça pour améliorer notre quotidien. » Wajia sait déjà qu’elle ne revotera pas pour Hamid Karzai. L’enthousiasme de ces jeunes est très vite balayé par les amertumes des électeurs de 2004. Il faut dire que la population afghane n’a pas vu son niveau de vie s’améliorer autant qu’elle pouvait l’espérer en 2001. Rien qu’à Kaboul, la capitale, les habitants n’ont qu’environ 2 heures d’électricité par jour et très peu d’eau courante.

Direction le petit village de Roja Sarayan à quelques minutes de Charikar. « Je préfère encore voter Georges Bush qu’Hamid Karzai ! » dit à moitié en riant le malek, autrement dit le chef du village. Ici, les habitants veulent du concret, comme Adul Qadir qui déclare : « je voterais pour celui qui fait le paquet de farine à 5000 afghanis (80 euros) ».

A peine arrivé dans le village, Qasim Ahmad, chargé de la campagne d’information sur l’enregistrement des électeurs, emprunte le micro de la mosquée pour passer son annonce aux villageois. Des posters sont collés un peu partout. Qasim Ahmad n’a pas une mission facile : il doit aller de village en village pour expliquer aux habitants l’intérêt de la carte d’électeurs. Une mission délicate qui lui impose de bien évaluer la politique des zones dans lesquelles il se rend. « Bien évidemment, on précise aux gens que ça n’engage à rien, et qu’ensuite ils pourront voter pour celui qu’ils veulent. On leur explique que s’ils ne votent pas ils ne pourront pas se plaindre après… On essaie de venir au bon moment dans les villages parce que les gens sont occupés. Par exemple, on va venir pendant la prière à la mosquée ou alors à la fin de l’école quand les gens sortent dans les rues» explique-t-il.
Mais l’équipe de Qasim est confrontée à un sérieux problème : beaucoup d’Afghans n’ont plus foi en les entités gouvernementales. « Le gouvernement n’a rien fait pour eux ! Rien ! Par exemple ces routes, elles n’ont jamais été refaites comme promis ! Du coup ces Afghans n’ont plus confiance, ils ne veulent pas voter » poursuit Qasim Ahmad.
Pourtant, à Charikar, on est bien loin des combats et de l’insécurité qui reste l’obstacle majeure au bon déroulé de cet enregistrement. Rappelons qu’une grande partie du pays vit dans la guerre et que les insurgés ont d’ores et déjà lancé un avertissement en déconseillant aux Afghans de participer à ce processus : « ne perdez pas votre temps pour des élections qui de toutes façons seront frauduleuses » a déclaré un porte-parole du mouvement. Dans le nord-est, un camion rempli de formulaires d’enregistrement a été brûlé et dans la province de Ghazni, au sud ouest de Kaboul, c’est par hélicoptères que les bulletins ont été acheminés. Chris Alexander, numéro 2 des Nations Unies en Afghanistan (un des principaux bailleurs de l’organisation de ces élections) essaie de garder son optimisme : « il y a beaucoup d’incertitudes à la veille du début de cet exercice. Les gens n’ont une confiance absolue que ça marche. Et bien sur, il va y avoir des pertes, des attaques. Il y en a déjà eues. Il y a des cas d’intimidation. Lorsque ça frappe, ça frappe dur. Il va falloir malgré cela créer une atmosphère de confiance et que ces élections commencent à être perçues comme étant inévitables »
L’enregistrement de millions d’électeurs est la première étape d’un parcours incertain qui doit déboucher sur les présidentielles l’année prochaine. Mais les difficultés rencontrées dès aujourd’hui laissent planer le doute sur la tenue du scrutin en 2009.
Constance de Bonnaventure

24/09/2008

UN DOCUMENT REVELE LES DESSOUS DE L'EMBUSCADE DU 18 AOUT DERNIER


Plutôt qu’un rapport c’est un document secret qui a été révélé par le journaliste canadien Graeme Smith. Ce sont 4 pages de notes, illustré de cartes, servant à nourrir un rapport et marqué de la mention OTAN-ISAF secret. C’est un officier américain des services secrets qui auraient recueilli ces informations auprès de 13 soldats américains des forces spéciales qui étaient aux côtés des français lors de l’embuscade du 18 août dernier.
Ce document confirme que les soldats français étaient sous équipés lors de l’embuscade. Ils n’auraient eu que 90 minutes de munition et une seule radio pour communiquer avec le commandement, radio utilisée notamment pour demander un soutien aérien. Mais le plus surprenant c’est que ce document révèle que les soldats de l’armée afghane se sont enfuis pendant les combats. Si cette information est vraie, elle est problématique puisqu’elle met en jeu l’objectif des forces internationales en Afghanistan qui est de former une armée capable de se défendre face à l’ennemi taliban.
A l’heure où les parlementaires français doivent voter sur le maintien de l’armée française en Afghanistan, ce document relance la polémique sur les conditions de l’embuscade du 18 août dernier.

13/09/2008

Visite éclair à Kaboul pour les familles des soldats tués en Afghanistan

« Par délicatesse et par respect pour leur démarche de deuil, on ne dit pas si la journée s’est bien passé ou pas. On ne dit pas si le but recherché a été atteint. On ne peut pas s’exprimer à leur place ». Tels sont les mots du commandant de Lavessière, conseiller communication du contingent français de Kaboul. Rappelons que ce jour là, aucun journaliste n’était présent sur place selon la volonté des familles. Et par mesure de sécurité, leur emploi du temps a été gardé secret jusqu’à la dernière minute.

Ils étaient 17 à participer à ce voyage, accompagnés par le ministre de la Défense Hervé Morin. Parmi eux, les familles des soldats tués lors de l’embuscade du 18 août dernier, mais aussi celles de soldats morts en 2006 et 2007. Rappelons qu’au total ce sont 24 militaires français qui ont perdu la vie en Afghanistan depuis que la France y est présente militairement.

L’avion de la République Française a atterri vers 8h (heure locale) vendredi matin à l’aéroport militaire de Kaboul. Les familles ont ensuite rejoint en convoi la grande base française, Warehouse, qui se trouve en périphérie est de la capitale afghane. Sur place les familles ont assisté à une cérémonie œcuménique puis à une commémoration au monument aux morts. Après cela ils ont pu discuter avec le Général Stollsteiner, commandant des forces françaises à Kaboul et échanger avec quelques militaires sur place. « Chaque personne a pu poser des questions et s’exprimer. On espère que ça leur a apporté quelque chose. Mais les réponses sont peut être dérisoires par rapport aux douleurs des familles » poursuit le commandant de Lavessière. Les familles sont reparties en fin d’après-midi vers la France, pas question donc de se rendre en vallée d’Uzbin, sur les lieux de l’embuscade du 18 août dernier.

Même si ce genre de voyage avait déjà été organisé, comme en 2004 à Bouaké (Côte d’Ivoire), les militaires basés en Afghanistan ont été surpris de cette décision. « Si on commence à faire venir les familles de chaque soldat qui meurt, on n’a pas fini… » a déclaré un officier français de Kaboul tout en précisant que « si ça peut les aider à faire leur deuil et bien tant mieux ». Quoiqu’il en soit, les militaires français d’Afghanistan déplorent la surmédiatisation des récents événements et rappelle que le risque fait partie intégrante de leur mission dans ce pays.

11/09/2008

JO de Pékin...Première médaille dans l'histoire de l'Afghanistan


Dans le grand stade Ghazi de Kaboul, la musique et les applaudissements retentissent. Près de 5000 personnes attendent avec impatience l’arrivée du nouveau héros de l’Afghanistan. Rohullah Nikpai, 21 ans, a gagné la médaille d’argent de taekwondo aux Jeux Olympiques de Pékin.

Autour du stade, la sécurité a été considérablement renforcé : des centaines de policiers et de soldats sont déployés. Et toutes les rues de la capitale sont bloquées. Partout dans la ville, des posters le représentant sont affichés. Rohullah est une star, et pour cause, c’est la première fois que l’Afghanistan remporte une médaille aux Jeux Olympiques. Ecoutons le président de la fédération afghane de taekwondo Gulam Rabbani :
« D’abord je tire mon chapeau à ceux qui comme lui ont réussi ont tout donné dans un contexte difficile où l’Afghanistan n’a pas de moyens pour ce genre de préparation sportive et de compétition. Nos infrastructures sportives sont inexistantes. Et je demande vraiment comment on a réussi à gagner une médaille dans une compétition aussi importante que les Jeux Olympiques. »

A l’aéroport, c’est le vice-président Khalili en personne qui vient l’accueillir. Et c’est sur le toit d’un camion avec d’autres athlètes qu’il fait son entrée triomphante dans le stade. La foule est en liesse et des hélicoptères lâchent des tracts sur lesquels est écrit : «il a fait la fierté du peuple afghan ». Dans son discours, Rohullah Nikpai profite de son statut pour faire passer son message.
« J’ai un message pour les jeunes afghans : il faut faire du sport et persévérer. N’importe quel sport. Il faut qu’un jour les Afghans soient plus nombreux à participer aux jeux asiatiques, aux JO et aux championnats du monde pour gagner des médailles et faire honneur à notre beau drapeau !
»

En guise de récompense, Rohullah Nikpai a reçu un chèque de 4000 euros ainsi qu’une voiture offerte par un opérateur téléphonique et le président Karzai lui a promis une maison dans Kaboul. Une journée de fête et pleine d’espoir qui aura permis aux Afghans de mettre leur dur quotidien entre parenthèses.

11 septembre... 7 ans après

A Kaboul, quand on demande aux habitants ce qu’il pense de la présence militaire internationale , les langues se délient : pas d’amélioration dans leur quotidien , trop de victimes du conflit, leur situation n’a pas tellement évolué en 7 ans.
On est bien loin de l’espoir de septembre 2001, chute du régime taliban qui mettait fin à plus de 25 années de guerre. La reconstruction du pays s’était alors amorcée et le peuple afghan dans sa majorité soutenait les forces militaires internationales.

Mais aujourd’hui, les actions de l’OTAN et des Américains perdent de leur légitimité : Oussama Ben Laden, le responsable présumé des attentats du World Trade Center n’a pas été retrouvé, et le conflit s’est étendu à tout le pays. Alors que la situation afghane devient de plus en plus instable, l’OTAN renforce ses troupes.
Ajoutons à cela la polémique actuelle autour des victimes civiles. Depuis le début de l’année 2008, près de 1000 civils ont été tués dans le conflit. Et ce sont les bombardements aériens de l’OTAN qui sont montrés du doigt. Alors dans les régions du sud, celles qui souffrent le plus du conflit, la population, prise en étau entre les taliban et l’OTAN, se sent de moins en moins en sécurité.

Les Afghans ont perdu confiance en la présence internationale et petit à petit se retourne vers l’opposition talibane.

08/09/2008

Victimes civiles: la polémique enfle et l'OTAN est montré du doigt

« Les Américains ne sont pas là pour nous aider ! Ils détruisent nos maisons et tuent des innocents ! » déplore Habiboullah, jeune étudiant de la faculté de Kaboul. Comme lui, ils sont nombreux à réagir de la sorte face aux bavures des forces de l’OTAN en Afghanistan.

Le 22 août dernier près du village d'Azizabad, où les insurgés sont très présents, à quelques 120 kms d'Herat (grande ville de l'ouest afghan), un raid conjointement mené par les forces américaines et les commandos afghans a fait 90 morts parmi les civils. Un chiffre annoncé par le gouvernement afghan et aussitôt validé par les Nations Unies. De leur côté, les Américains ont exprimé leurs regrets pour "la perte de vies innocentes parmi les Afghans que nous sommes censés protéger ». Des excuses que les Afghans ont du mal à accepter: cette tragédie a provoqué un vif émoi au sein de la population afghane. De nombreuses manifestations se sont déroulées dans la province d’Hérât ainsi que dans la capitale afghane. « Mort aux Américains ! » criaient les manifestants et des villageois en colère se sont attaqués à des soldats afghans. « Les Américains affirment que des talibans se trouvaient dans la région, mais ils doivent le prouver ! De tels bombardements éloignent la population du gouvernement. Les gens sont très en colère » a exprimé Nematullah Sharani, ministre des affaires religieuses et président de la commission d’enquête.

Depuis, la polémique n’a cessé d’enfler et cet événement a fortement contribué à la dégradation des relations américano-afghanes. Au lendemain de cette bavure, le gouvernement afghan a déclaré qu’il souhaitait renégocier la présence des forces étrangères en Afghanistan, sans doute une stratégie du président Karzai pour récupérer le soutien de sa population à l’approche des élections présidentielles. Pour se démarquer des actions de l’OTAN, Hamid Karzai s’est rendu la semaine dernière sur les lieux du drame. C’est ici qu’il a déclaré devant les familles des victimes que ses relations avec les Etats-Unis s’étaient considérablement tendues. Il a par ailleurs promis que les responsables de cette opération seraient punis.
Ce n’est pas la première fois que les forces internationales sont accusées d’être responsable de la mort de civils afghans mais selon la commission présidentielle, le bombardement d’Azizabad constitue la plus grosse bavure de l’OTAN en Afghanistan. Selon la commission afghane des droits de l’homme ce sont plus de 900 civils qui depuis début 2008 sont morts dans ce conflit. La population afghane et surtout celle qui vit dans les zones de combat, développe de plus en plus un véritable sentiment de ras le bol voire de haine face à la présence militaire internationale. Le président afghan a compris que les bavures des forces internationales ont des conséquences désastreuses dans la stratégie de pacification du pays et ont pour conséquence le retournement de la population vers l’opposition talibane.

Afghanistan: le guide touristique qui fait polémique...

«Même si l’Afghanistan vit au rythme des attentats, il serait malhonnête de réduire
ce pays aux talibans, au terrorisme,à la burqa ou encore à l’opium », souligne Constance de Bonnaventure,correspondante à Kaboul du « Parisien » - « Aujourd’hui
en France », dont l’expérience et les superbes photos illustrent la première édition de ce Petit Futé consacré à l’Afghanistan*.Mais la sortie de ce guide—programmée
par l’éditeur depuis plus d’un an — au lendemain de la mort de dix soldats
français n’a pas vraiment plu au Quai d’Orsay.« Ce n’est pas de la provocation ».
« Cela neme semble pas approprié car il n’est pas raisonnable du tout d’y effectuer un voyage touristique »,s’indigne Eric Chevallier, nouveau porte-parole du ministère des Affaires étrangères, qui rappelle que l’Afghanistan est sur la « liste rouge »
des pays déconseillés aux voyageurs. « Vu les risques d’attentats et d’enlèvements,
ajoute-t-il, nous déconseillons tous les voyages, hors raisons professionnelles majeures. »

Directeur de collection du Petit Futé, Dominique Auzias ne comprend pas cette polémique et se défend: « Ce n’est pas de la provocation. Je n’incite personne à y aller… L’Afghanistan est un pays où la France est en guerre et je ne trouve pas indécent de publier un ouvrage à l’attention du plus grand nombre sur un pays où nos compatriotes risquent chaque jour leur peau.Quand on envoie nos soldats là-bas, on peut aussi raconter aux Français l’histoire, la géographie et la culture d’un pays
qui, depuis les Cavaliers de Kessel,fascine tout le monde. » Et notamment
toute une génération de Français qui furent les premiers humanitaires à s’engager au côté de la résistance afghane face aux troupes soviétiques dans les années 1980.
Au-delà de la guerre que connaît l’Afghanistan depuis près de trente ans, on découvre ici un peuple rude et fier dans des paysages à couper le souffle. Un ouvrage indispensable pour comprendre l’Afghanistan d’aujourd’hui.

Bruno Fanucchi
(*) « Afghanistan »,
de Constance de Bonnaventure,
Le Petit Futé, 288 pages, 18 euros.

07/09/2008

Après l'embuscade...Témoignage d'un soldat français

A 32 ans, le Lieutenant Ronald (son nom de famille n’est pas mentionné par raison de sécurité) dirige la section « Rouge 4 » de la 3e compagnie du Régiment de Marche du Tchad (RMT). Avec ses hommes, ils étaient dans l’embuscade du 18 août dernier qui a coûté la vie à 10 soldats français. Blessé par un éclat de balle à la jambe, c’est sur son lit d’hôpital qu’il retrace pour nous, le récit de cette journée noire pour l’armée française…

« Ce jour-là, la patrouille est partie de la base de Tora (située à proximité du village de Surobi à l’est de Kaboul). Au total, une vingtaine de véhicules militaires se suivaient. Alors que les soldats du 8e RPIMa faisaient leur reconnaissance en haut du col de la vallée d’Uzbin, ceux du RMT surveillaient le bas du col avec l’ANA (l’armée nationale afghane) ». Le 18 août dernier, près de 100 soldats français, américains et afghans participaient à cette patrouille dont l’objectif était de reconnaitre les lieux.

« Juste avant de partir vers la vallée d’Uzbin, nous avons, comme d’habitude, fait un briefing, carte à l’appui ». Deux jours avant, la zone avait été reconnue par une patrouille à pied qui s’était rendue jusqu’au village de Spir Kundi autour duquel a eu lieu l’embuscade. Et les Français étaient visiblement avertis des dangers de la vallée. « A Uzbin, on savait qu’il y avait des ennemis. Mais de toutes façons, c’est comme partout, on s’attend toujours à trouver l’ennemi ».
Les soldats français qui partent en mission en Afghanistan reçoivent une semaine de formation particulière. « En France, nous avons été préparés aux spécificités du conflit afghan et à la principale principales menace, à savoir l’IED. On a aussi assisté à des cours magistraux sur l’asymétrie de ce conflit, les aspects culturels, etc. Concernant l’embuscade, ça fait partie de notre enseignement de base».

Le 18 août vers 15h, soit deux heure et demie après avoir quitté la base de Surobi, la patrouille se fait prendre à partie par une centaine d’insurgés selon l’armée française. « On était quasiment encerclés. Et les insurgés tiraient de tous les côtés, avec précision. C’était surprenant ! Avec ma section on a commencé à tirer des missiles pour appuyer le RPIMa en haut du col ». C’est environ une heure plus tard qu’arrivent les renforts aériens. « Il était impossible de fournir un appui aérien au départ des combats, dans la mesure où l’ami était imbriqué dans le combat» précise le lieutenant Ronald. Jusqu’à 21h, les coups de feu résonnent dans la vallée, pour devenir assez sporadiques vers 1h du matin. Ils ne reprendront que le lendemain matin au lever du jour, pendant quelques minutes. « Je me suis demandé quand est ce qu’ils s’arrêteraient ! Nous on n’a pas cessé de tirer ! »

C’est le lendemain vers 13H que les français quittent les lieux. Le bilan est lourd : 10 soldats tués. « Vu l’intensité des feux c’était évident qu’il y aurait autant de morts, si ce n’est plus ! C’est un miracle qu’on s’en soit sorti !» relativise le lieutenant. « Il ne faut pas nous faire passer pour des victimes. Arrêtons d’utiliser ce mot ! Nous sommes des acteurs, pas des faibles ». Comme la plupart des autres soldats, le lieutenant Ronald a vécu sa première expérience du feu. « Oui, ça m’a effrayé de voir tant de puissance. Mais dans ces cas là il ne faut pas se poser de question. J’avais simplement peur pour mes hommes ».

Et quand on lui demande de définir l’ennemi, le lieutenant Ronald hésite… « C’est quasiment impossible de l’identifier ! C’est un villageois armé… L’ennemi est indéfinissable. Il n’a pas de type particulier, pas de costume. Même avec des moyens très perfectionnés on ne peut pas toujours l’identifier tant la géographie du pays est complexe »

Dans quelques jours maintenant, le lieutenant Ronald va rentrer chez lui, retrouver sa femme et ses trois enfants. Après 4 mois passés en Afghanistan, l’heure est au bilan… « Avec ce genre d’expérience on sait au moins si on est fait pour le métier de soldat ou pas… et on se rend compte que tout ce qu’on a appris nous sert ». Une mission qu’il n’oubliera jamais… « C’est ma meilleure mission. La plus intéressante, la plus opérationnelle et avec le plus de moyens. Ca nous a fait du bien à tous

Sortie du Petit Futé Afghanistan



Ca y est! Le Petit Futé Afghanistan est sorti. Fruit de plusieurs mois d'enquête et de rédaction, il offre, en plus d'une sélection de sites et d'hébergements, des clés pour comprendre ce pays.

Embuscade du 18 août: 10 soldats français tués. Pour en savoir plus...

Le18 août dernier 10 soldats français sont morts en Afghanistan dans une embuscade tendue par un groupe d’insurgés près de Surobi, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Kaboul. Trois semaines plus tard il reste encore beaucoup de zones d’ombre sur les circonstances et le déroulé de cet accrochage. Et la polémique ne cesse d’enfler…

Qui a tendu cette embuscade ?

Toutes les sources locales s’accordent pour dire que l’embuscade tendue aux français a été conjointement menée par des combattants du Hezb-e-Islami (groupe d’opposition islamiste armé) et des taliban. « Même s’ils n’ont pas les mêmes méthodes d’action, ces deux groupes ont les mêmes objectifs : faire partir les forces étrangères » explique un conseiller politique aux Nations Unies, spécialiste de la région. La vallée d’Uzbin, lieu où ont été attaqués les soldats français est un des fiefs du Hezb-e-Islami. La zone est stratégique : l’objectif des insurgés est de contrôler la route qui relie Kaboul à Jalalabad, la grande ville de l’est, afin qu’armes et Taliban transitent du Pakistan vers l’Afghanistan. Les attaques contre les convois militaires se multiplient et la route est marquée par des traces de voitures brûlées.
Reste à savoir si des combattants étrangers (Arabes, Tchétchènes, etc.) liés à Al-Qaïda ont participé à l’attaque. Lutfullah Mashal, gouverneur du Laghman (province qui jouxte Surobi) confirme leur présence dans sa région. Ce que certifie un conseiller politique des Nations Unies : « même si les taliban afghans n’aiment pas être commandés par des étrangers, on sait qu’il y a des militants d’Al-Qaeda qui viennent du Pakistan».


Circonstances de l’attaque ?


L’attaque n’aurait pas été préparée à l’avance par les insurgés. A Surobi, nous rencontrons Farid (son nom a été changé), militant du Hezb-e-Islami et proche des combattants qui ont tendu l’embuscade. Il explique qu’aucun ordre n’avait été donné par la hiérarchie talibane ou Hezb-Islami. « Au départ, il n’y avait qu’un petit groupe d’une vingtaine de militants locaux du Hezb-e-Islami et l’initiative de l’attaque a été prise par un petit commandant local ». Quand ils ont vu l’ampleur que prenait la bataille, des taliban se sont joints à eux et des villageois auraient pris les armes aux côtés des insurgés, ce que confirme le gouverneur du Laghman. Ce dernier ajoute que les insurgés ont été prévenus qu’une patrouille des forces de l’OTAN s’approchait. « Les insurgés n’ont certainement pas eu besoin de préparer cette attaque. Pour eux c’était facile étant donné la géographie du lieu. Les Français ne pouvaient rien faire, ils étaient coincés dans cette vallée encaissée » explique un conseiller politique des Nations Unies.
Sur son lit d’hôpital dans la base militaire française, le lieutenant Ronald raconte. « On était complètement encerclés. Les mecs tiraient avec précision, c’était surprenant, ils arrivaient à viser les véhicules».
Les Français étaient ils renseignés sur la vallée d’Uzbin ? « Notre patrouille n’était qu’une mission de reconnaissance » précise le lieutenant Romuald. « Les Italiens, qui étaient en charge de cette zone avant nous, nous ont dit que c’était dangereux » témoigne pourtant anonymement un soldat. Même mise en garde côté villageois, « le directeur de l’école de Spir Kundi (l’endroit où a eu lieu l’attaque), leur avait dit de ne pas aller plus loin ».
Comment les français ont été tués ?
Plusieurs questions restent sans réponse, notamment sur la manière dont ont été tués les soldats français. L’armée française nie qu’ils aient été enlevés puis torturés. Connaissant les méthodes des insurgés, il n’est cependant pas impossible qu’ils aient utilisé des armes blanches. D’après Luftahllah Mahsal les combattants ont récupéré plusieurs fusils français Famas. Quant au sort de Perwiz, l’interprète afghan des Français, il est connu. Il a bien été torturé et son corps a été retrouvé mutilé.

Beaucoup d’éléments restent à vérifier afin que tout soit clair. Une certitude toutefois : en se déployant dans ces zones de conflit, la France devient désormais une cible privilégiée pour les insurgés afghans.

Constance de Bonnaventure
(Le Parisien du 4 septembre 2008)

05/09/2008

Et pourant elle tourne sur France Inter -Spéciale Afghanistan. Avec les soldats français

Ce soir sur France Inter à 18h15 dans l'émission Et Pourtant elle tourne, vous pourrez écouter des témoignages de soldats français revenus de l'embuscade du 18 août, mais aussi des réactions d'Afghans, des déclarations de députés français sur la présence militaire en Afghanistan.
Bien sûr sera abordé la question des polémiques.

Avec Eric de Lavarène (journaliste spécialiste Afghanistan/Pakistan), Stéphane Faure (spécialiste défense de France Inter) et moi-même en direct de Kaboul.

A très vite!

23/08/2008

Avoir 20 ans et être soldat en Afghanistan

Romain Pajaud, 20 ans, est caporal au sein du 126e RI, le Régiment d’infanterie de Brive-la-Gaillarde dont une partie est, depuis trois mois, en mission en Afghanistan. Il appartient, comme les 1600 autres soldats français déployés en Afghanistan, à l’ISAF, la force internationale d’assistance à la sécurité sous commandement de l’OTAN.

Aux abords de Kaboul, la capitale afghane nichée au cœur des montagnes, Romain, gueule d’ange et sourire aux lèvres, patrouille avec son fusil mitrailleur, son casque et son gilet pare-balles. Avec plusieurs autres soldats, le visage recouvert de poussière, ils marchent silencieusement sur les collines qui surplombent le camp militaire français Warehouse. Des véhicules blindés les escortent. Les enfants s’approchent, la zone est calme. Objectif : surveiller les alentours.

A l’heure où la plupart de ses amis est encore sur les bancs de l’école, Romain, lui, est au combat. Sa mission consiste à assurer la protection du camp Warehouse qui regroupe un millier de soldats français. Le jeune caporal est chef de poste à la fouille des véhicules. Les journées sont longues et la mission pénible, parfois ingrate. « Même si les opérations extérieures sont difficiles, je préfère partir plutôt que de rester en France. Je ne supporte pas de rester à ne rien faire» explique Romain.


Il n’a que 20 ans, et pourtant, c’est déjà son deuxième séjour en Afghanistan. Romain est entré dans l’armée à 18 ans…et quatre jours. Engagé volontaire il ne rêvait que de ça depuis son enfance. « C’était ça ou rien » dit-il avec fermeté. Mais le parcours pour en arriver là n’a pas toujours été évident. Tout juste majeur, Romain doit quitter le foyer familial pour rejoindre son régiment en Corrèze. « Je pensais être fort moralement. Au début, je ne suis pas rentré chez moi pendant un mois et demi. Ca a été très difficile, j’ai failli tout arrêter ». Et pourtant, Romain n’a jamais baissé les bras, d’autant que sa famille l’a fortement encouragé. Aujourd’hui, même si l’éloignement lui pèse, il se sent plus fort.

Sa jeunesse ? Il est en plutôt fier : « comme j’ai de l’ambition, on me respecte. Je veux des responsabilités, alors on me fait confiance et on m’en donne de plus en plus. Je suis fier de moi parce que je suis le plus jeune caporal de ma section. Parfois on m’appelle gamin, mais c’est plutôt pour rire».
L’armée lui a fait découvrir la cohésion et la loyauté, des valeurs, qu’il n’aurait pas trouvées dans le civil selon lui. Il a aussi acquit une maturité précoce dont il est conscient. « En fait, je suis vite passé à l’âge adulte. Depuis que je suis engagé, j’ai beaucoup mûri. Souvent, mes amis me reprochent d’avoir loupé ma jeunesse. Mais si la jeunesse c’est aller en discothèque, gaspiller son temps, moi je leur laisse la jeunesse, je n’en ai pas besoin. Ce n’est pas ça qui va me faire gagner de l’argent». Et pour bien faire, Romain s’impose une certaine discipline de vie : « Quand je rentre, je reste beaucoup avec ma famille, ma copine. Je ne vais pas en boite, je ne bois pas, je ne fume pas et je fais deux heures de sport par jour.» explique-t-il.

Romain peut alors se montrer sévère à l’égard des autres jeunes de son âge… « Ils réclament trop et se plaignent. En fait ils sont un peu perdus, même ceux qui font des études. Moi j’ai été plus vite parce que je savais ce que je voulais faire. J’étais motivé. Je n’ai pas eu le temps de trainer » déclare-t-il avec certitude.

Ambitieux, Romain profite des jours de repos pour réviser dans sa petite chambre en préfabriqué qu’il partage avec deux autres soldats. Il compte passer le concours d’entrée de Saint-Maixent, l’école des sous-officiers car il a bien l’intention de continuer à grimper les échelons de l’armée. Confiant, il garde toutefois de sa jeunesse une certaine forme d’insouciance. « Pour l’avenir ? Je n’ai aucun doute. Ca ne sert à rien de douter, ça ne fait pas avancer. Je vis au jour le jour. Même si je ne réussis pas, au moins j’aurai fait le maximum ».

10/02/2008

Le cinéma afghan renaît difficilement de ses cendres...

Après 25 années de guerre, l’Afghanistan est aujourd’hui un pays en totale reconstruction. Depuis 2002, le pays essaie entre autre de retrouver sa vivacité culturelle des années 70. Mais si quelques réalisateurs afghans émergent du lot après des années de labeurs, le cinéma afghan ne s’est pas encore constitué comme référence.

Le décor était déjà là : sur un terrain ravagé par les années de guerre trônent des carcasses de tanks russes et les bâtiments portent les séquelles des bombes lâchées sur Kaboul. Afghans, Français et Iraniens travaillent ensemble. Nous sommes en Afghanistan, le tournage du prochain film de Barmak Akram, jeune réalisateur franco-afghan, touche à sa fin. Pour son premier long métrage, Kabouli Kid (L’enfant de Kaboul), Barmak Akram a choisi sa terre natale. L’histoire raconte la disparition d’un nourrisson de 3 mois, recueilli par un chauffeur de taxi. Et surtout, elle nous plonge complètement dans le Kaboul actuel. « Je voulais faire un film documentaire qui montre les dégâts de 25 années de guerre, autant par les Russes que par les Américains, un peu à la manière du néo réalisme italien. J’ai profité de ce décor abimé par la guerre pour l’enregistrer dans l’Histoire dans le cadre d’une fiction » explique ce jeune réalisateur qui espère présenter son œuvre au Festival de Berlin.

Aujourd’hui, le cinéma afghan renaît difficilement de ses cendres et essaie, tout simplement, de se constituer à proprement parler. Car si l’Afghanistan est resté plongé durant 25 années dans la guerre, la culture, pendant ce temps, s’est aussi arrêtée de vivre. Jusqu’en 1979, année de l’invasion soviétique en Afghanistan, le cinéma faisait partie intégrante de la vie culturelle des citadins afghans. A la fin des années 1970, Kaboul comptait 31 cinémas, mais les nombreux bombardements ne les ont pas épargnés, et le régime taliban entre 1996 et 2001 a ordonné la fermeture de toutes les salles.

Seulement 10 cinémas ont survécu dans tout le pays, dont 7 à Kaboul. Et même si la guerre est terminée, l’insécurité perdure et les Afghans n’ont pas repris leurs habitudes culturelles des années 70. La vie nocturne est inexistante et la télévision reste le seul loisir. « Du fait des conflits civils, la population a complètement changé. La culture est loin d’être une priorité » déplore Siddiq Barmak, réalisateur et producteur afghan le plus reconnu. Aujourd’hui les cinémas ne sont pas très bien famés et les femmes ne s’y rendent jamais. Les films projetés à l’écran sont essentiellement indiens ou iraniens. « En allant au cinéma, les Afghans veulent rire, écouter de jolies musiques indiennes. Avant tout découvrir un autre visage de la vie et passer au-delà de leur réalité » poursuit Siddiq Barmak.

Depuis 6 ans, chute du régime taliban, des efforts ont pourtant été entrepris pour promouvoir les réalisations cinématographiques afghanes. Mais le problème majeur reste les financements, et la culture n’est pas une priorité dans les programmes de reconstruction. Pour le moment, seuls quelques réalisateurs ont réussi à sortir du lot. Les autres réalisent des courts métrages. « Les bons réalisateurs vivent en dehors de l’Afghanistan. C’est une tragédie, car l’Afghanistan n’a pas assez d’argent pour les aider » déplore Monsieur Latif, directeur d’Afghan Film, la société de cinématographie nationale. Rares sont ceux qui, comme Barmak Akram ou Siddiq Barmak, ont pu produire un long métrage. Car pour en arriver là, il fallu contourner bon nombre d’embûches. A commencer par trouver des financements. « C’est très difficile de financer un film afghan. Tout le monde a peur de mettre de l’argent en Afghanistan, c’est une prise de risque énorme» explique Philippe Gautier, le producteur français de Kabouli Kid.

Vient ensuite le problème de la main d’œuvre sur place. Trouver des gens qualifiés et composer avec ce que le pays peut offrir. « Les gens qui travaillent ici dans le cinéma ne sont pas de formation académique, ils ont simplement un peu d’expérience. Du coup la qualité n’est pas terrible » explique Monsieur Latif. A l’université de Kaboul, un département cinéma et théâtre accueille chaque année une petite centaine d’étudiants. Mais cette formation toute récente n’a pas encore porté ses fruits. « Je crois qu’il y a beaucoup de jeunes qui ont envie de faire du cinéma, et ça c’est très encourageant. Malheureusement ils ont du mal à trouver de l’argent.» déplore Philippe Gautier.

Car ici, il n’y a pas vraiment de structure établie pour faciliter l’industrie du cinéma. Chacun fait comme il peut. Siddiq Barmak tout comme Barmak Akram ont alors fait appel à des équipes internationales pour leurs films mais préfèrent quand ils le peuvent travailler avec des Afghans « Ici, les problèmes majeurs tiennent de l’incompréhension de certaines notions. Etablir un programme, avoir une journée équilibrée par exemple. L’insécurité fait aussi que beaucoup de choses prévues tombent à l’eau. Tout est fragile. Il a fallu se battre tous les jours pour que le tournage se fasse en temps et en heure » raconte Philippe Gautier.

Siddiq Barmak qui a déjà réalisé Oussama en 2003 (sacré meilleur film étranger de l’année aux Golden Globes) termine son second long métrage, Opium War, qui raconte les péripéties de deux soldats russes égarés en Afghanistan et qui découvrent un tank habité par une famille afghane. Le film sera présenté au prochain festival de Cannes. Pour lui, on ne peut pas parler d’un cinéma afghan « Il y a si peu de productions. Dans toute l’histoire de notre cinéma, on en compte une quarantaine». Avis partagé par son homologue Barmak Akram, « On ne peut pas dire qu’il y ait de cinéma afghan. On sort de la guerre et la culture n’a pas encore une place très importante, même si c’est ce dont auraient besoin les afghans : avoir une identité culturelle, se projeter dans des fictions, exprimer leurs douleurs dans des fictions, leur mal être, etc ».

L’envie et la volonté d’une nouvelle génération redonneront sans aucun doute de la vitalité au cinéma afghan, qui a, lui aussi, souffert de la guerre. Pour beaucoup de réalisateurs, il est incontournable que le thème de la guerre continuera longtemps à marquer les productions afghanes. Un peu à la manière du cinéma d’après-guerre en Europe, les 25 années de conflit en Afghanistan vont probablement nourrir beaucoup de scénarii.

24/01/2008

Condamnation à mort d'un journaliste afghan

Arrêté le 27 octobre dernier, le journaliste afghan, Perwiz Kambakhsh est accusé d’avoir blasphémé l’Islam. Il distribuait alors des tracts à la sortie de l’université de Balkh, dans le nord du pays, tracts qui notamment accusaient le prophète Mahommet d’ignorer les droits de la femme. Propos qualifiés par les officiels d’« insultant pour l'islam et interprétant de manière erronée des versets du Coran ». Mais selon sa famille et ses collaborateurs, le jeune journaliste, âgé de 23 ans, n’est pas lui-même l’auteur de ces propos qui proviendraient d’un site iranien. Pour le moment, Perwiz Kambakhsh n’a pas d’avocat. Et selon son frère, il compte faire appel du jugement. Quant au procureur adjoint de la province de Balkh, il a menacé d’arrestation tous ceux qui tenteraient de le soutenir.

La constitution afghane de 2001, soutient la liberté d’expression tout en se reposant sur la charia, la loi islamique. Si bien que tout ce qui est contraire à l’islam peut être punit de mort. Depuis la chute du régime taliban, les médias fleurissent en Afghanistan, mais la liberté de la presse reste une réalité bien fragile. L’insécurité, le poids des conservateurs, la menace de certains chefs de guerre et parfois la pression gouvernementale pèsent sur les media afghans.

10/01/2008

L'archéologie française en Afghanistan

Fondée en 1922, la DAFA, Délégation Archéologique Française en Afghanistan, reste pendant de longues années, la seule mission archéologique active dans le pays. Après 20 ans de fermeture à cause des nombreuses guerres, la DAFA rouvre en 2003. Depuis, l’Afghanistan voit arriver chaque année une dizaine d’archéologues français qui, malgré l’insécurité, continuent à fouiller ce pays aux mille et uns trésors.

« Etudier, protéger et sauvegarder le patrimoine archéologique et monumental dans le cadre de programmes de terrain », telle est la mission remplie par la DAFA, explique Roland Besenval, son directeur depuis 2003, « un travail [qui] se fait en collaboration avec les Afghans », ajoute ce fin connaisseur du pays. Une dizaine d’archéologues français actuellement en mission en Afghanistan travaillent sur plusieurs chantiers de fouilles archéologiques.
Explorations, sondages, inventaires et classements, tous les moyens sont réquisitionnés pour découvrir Balkh, une cité antique située à quelques kilomètres de la grande ville du nord de l’Afghanistan, Mazar-e-Sharif. Avec l’institut d’archéologie d’Afghanistan, les Français effectuent des recherches scientifiques sur l’histoire de l’agglomération de Balkh, ville clé pour les conquêtes d’Alexandre et cité du royaume Kuchan (IIe-IIIesiècles après JC.), depuis les origines jusqu’à la période islamique.

Fouilles … et protection du patrimoine

Non loin de cette cité, la mosquée d’Hadji Piyada, découverte par hasard à la fin des années 1960, fait partie des programmes prioritaires. « Il va falloir s’en occuper très sérieusement compte tenu de son état » insiste Roland Besenval, qui recherche des fonds pour, en tout premier lieu, consolider les colonnes puis financer les fouilles et restaurer les décors de cette mosquée du 9e siècle. Un bâtiment exceptionnel pour l’histoire de l’architecture islamique ancienne et pour lequel la DAFA joue essentiellement un rôle de protection du patrimoine.
La DAFA se penche également sur trois autres chantiers afghans. A Herat, un chantier d’étude de la ville pré-islamique se déroule chaque année en août et septembre, autour d’un programme franco-allemand. Les chercheurs profitent des chantiers de construction moderne dans cette ville pour faire des sondages.

A Bamiyan, cité mondialement connue pour ses bouddhas détruits en 2001 par les taliban, la mission du professeur Tarzi, ancien directeur des antiquités d’Afghanistan, travaille sur la ville royale, ancien grand centre de pèlerinage. Ce chantier s’ouvre en juillet et aout prochains. Mais parfois, des événements rappellent que l’Afghanistan reste un pays instable. Ainsi, les fouilles sur le site d’Aghata dans le Wardak, à quelques kilomètres au sud de Kaboul ont été récemment suspendues à cause de la montée récente de l’insécurité dans cette zone.

Le pillage des sites, « un cauchemar »

A Kaboul enfin, la capitale afghane, la DAFA collabore avec l’institut national d’archéologie et le musée d’Afghanistan. Dans le cadre de ses missions, la délégation française forme de jeunes archéologues afghans. « Nous souhaitons aussi les faire venir en France pour leur apprendre des techniques nouvelles auxquelles ils n’ont pas accès en Afghanistan. C’est un point que nous souhaitons développer très sérieusement. Mais pour ca, il faut des moyens» explique Roland Besenval.
Tous ces sites souffrent d’un même problème, le pillage. Pendant les 25 années de guerre, les chantiers ont été abîmés, saccagés et même pillés. « C’est un cauchemar pour la restitution de l’histoire de l’Afghanistan, et malgré la volonté et les efforts du gouvernement afghan, la situation continue » déplore Roland Besenval.
« C’est passionnant de travailler ici, même si la zone est difficile, car peu de choses ont été écrites. Mais les sites sont énormes et il y en a encore beaucoup qui sont enterrés, à découvrir », s’enthousiasme David Jurie, âgé d’une trentaine d’années, a fait le choix de s’installer ici depuis 2003. Malgré les tensions qui agitent le pays en ce moment, les archéologues français poursuivent avec passion leurs missions. La DAFA peine cependant à faire venir de nouveaux candidats dans ce pays qui n’a pas bonne presse. Mais la magie du pays et la perspective de découvrir un nouveau site majeur de l’histoire de la route de la Soie nourrissent la motivation de ces archéologues.

Entre la France et l’Afghanistan, des liens anciens

L’histoire des liens entre la DAFA et l’Afghanistan remonte à 1922 : la France, grâce à ses relations avec le monde islamique et sa bonne expertise culturelle, se voit proposer la mise en place d’une délégation archéologique. Suite à un accord avec les autorités afghanes de l’époque, les Français ont alors le quasi-monopole des fouilles archéologiques en Afghanistan. Ajoutons à cela, que les deux pays se partageaient la totalité des trouvailles.
Après la Seconde Guerre mondiale, la recherche archéologique s’ouvre aux autres nationalités. Mais les Français restent les seuls, et ce, encore aujourd’hui, à avoir une mission permanente en Afghanistan. Le pouvoir soviétique ordonne la fermeture de la DAFA en 1982, qui ne rouvrira qu’en 2003. Aujourd’hui, trois archéologues vivent en permanence à Kaboul. Pour la France, c’est un intérêt scientifique que le Ministère des Affaires Etrangères continue à entretenir.