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Jerusalem, Israel
Journaliste indépendante, je suis installée à Jérusalem depuis septembre 2009, après avoir vécu à Kaboul (Afghanistan)de janvier 2007 à décembre 2008. Lors de ces deux années, j'ai couvert pour plusieurs media, l'actualité afghane. Presse écrite, radio ou encore télé, j'ai multiplié les collaborations en radio et presse écrite. Correspondante de RFI, RTL, Radio Vatican, France Info, France Inter, France Culture et I télé, Le Parisien, L'Equipe Magazine, Le Figaro, Figaro Magazine, CB News, La Nouvelle République. Rentrée pour quelques mois en France, j'ai effectué quelques CDD chez RFI avant de repartir m'installer à l'étranger.

08/09/2008

Victimes civiles: la polémique enfle et l'OTAN est montré du doigt

« Les Américains ne sont pas là pour nous aider ! Ils détruisent nos maisons et tuent des innocents ! » déplore Habiboullah, jeune étudiant de la faculté de Kaboul. Comme lui, ils sont nombreux à réagir de la sorte face aux bavures des forces de l’OTAN en Afghanistan.

Le 22 août dernier près du village d'Azizabad, où les insurgés sont très présents, à quelques 120 kms d'Herat (grande ville de l'ouest afghan), un raid conjointement mené par les forces américaines et les commandos afghans a fait 90 morts parmi les civils. Un chiffre annoncé par le gouvernement afghan et aussitôt validé par les Nations Unies. De leur côté, les Américains ont exprimé leurs regrets pour "la perte de vies innocentes parmi les Afghans que nous sommes censés protéger ». Des excuses que les Afghans ont du mal à accepter: cette tragédie a provoqué un vif émoi au sein de la population afghane. De nombreuses manifestations se sont déroulées dans la province d’Hérât ainsi que dans la capitale afghane. « Mort aux Américains ! » criaient les manifestants et des villageois en colère se sont attaqués à des soldats afghans. « Les Américains affirment que des talibans se trouvaient dans la région, mais ils doivent le prouver ! De tels bombardements éloignent la population du gouvernement. Les gens sont très en colère » a exprimé Nematullah Sharani, ministre des affaires religieuses et président de la commission d’enquête.

Depuis, la polémique n’a cessé d’enfler et cet événement a fortement contribué à la dégradation des relations américano-afghanes. Au lendemain de cette bavure, le gouvernement afghan a déclaré qu’il souhaitait renégocier la présence des forces étrangères en Afghanistan, sans doute une stratégie du président Karzai pour récupérer le soutien de sa population à l’approche des élections présidentielles. Pour se démarquer des actions de l’OTAN, Hamid Karzai s’est rendu la semaine dernière sur les lieux du drame. C’est ici qu’il a déclaré devant les familles des victimes que ses relations avec les Etats-Unis s’étaient considérablement tendues. Il a par ailleurs promis que les responsables de cette opération seraient punis.
Ce n’est pas la première fois que les forces internationales sont accusées d’être responsable de la mort de civils afghans mais selon la commission présidentielle, le bombardement d’Azizabad constitue la plus grosse bavure de l’OTAN en Afghanistan. Selon la commission afghane des droits de l’homme ce sont plus de 900 civils qui depuis début 2008 sont morts dans ce conflit. La population afghane et surtout celle qui vit dans les zones de combat, développe de plus en plus un véritable sentiment de ras le bol voire de haine face à la présence militaire internationale. Le président afghan a compris que les bavures des forces internationales ont des conséquences désastreuses dans la stratégie de pacification du pays et ont pour conséquence le retournement de la population vers l’opposition talibane.

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