Qui êtes-vous ?

Jerusalem, Israel
Journaliste indépendante, je suis installée à Jérusalem depuis septembre 2009, après avoir vécu à Kaboul (Afghanistan)de janvier 2007 à décembre 2008. Lors de ces deux années, j'ai couvert pour plusieurs media, l'actualité afghane. Presse écrite, radio ou encore télé, j'ai multiplié les collaborations en radio et presse écrite. Correspondante de RFI, RTL, Radio Vatican, France Info, France Inter, France Culture et I télé, Le Parisien, L'Equipe Magazine, Le Figaro, Figaro Magazine, CB News, La Nouvelle République. Rentrée pour quelques mois en France, j'ai effectué quelques CDD chez RFI avant de repartir m'installer à l'étranger.

17/08/2009

Les Afghans et l'armée française...désillusion

Un an après l’embuscade qui a couté la vie à dix soldats français, la situation sur place ne s’est pas améliorée, ni pour la population afghane, ni pour le contingent français.
Des véhicules militaires français filent à toute vitesse sur la nouvelle route goudronnée. Rangés en colonne, ils se rendent à Deh Sabz, banlieue pauvre de Kaboul à environ cinq kilomètres du centre de la capitale, une des zones dont ils ont la charge. Anxieux, ils font de grands signes aux voitures qui les suivent de trop près, avant de viser au Famas les quelques effrontés qui oseraient trop s’approcher. Comme tous les jours, ils partent en patrouille. Les quelques commerçants installés au bord de la route, comme Hamidullah, ne les regardent même plus passer. Ils ont l’habitude. « Ils sont là tous les jours. Mais nous ça ne nous dérange pas. Ca fait plusieurs années que c’est comme ça ». A quelques kilomètres de là, un petit village reculé reçoit quant à lui la visite quotidienne de patrouilles à pied. Les soldats descendent de leurs véhicules blindés et marchent dans les villages, armés, casqués et vêtus de gilets pare-balles. L’objectif est non seulement de faire acte de présence mais aussi de rencontrer le chef du village, lui demander ce dont ses villageois ont besoin, en échange de quoi ce dernier leur donne des informations sur la sécurité. Mohammed Nazer vit ici. Il creuse des rigoles qui serviront à l’irrigation de son champ. « Regardez, les Français nous ont construit une clinique là-bas. Alors oui, on les aime bien » dit-il en riant. « Nous on ne fait pas la différence entre les Français, les Américains et les autres. Ce sont tous les mêmes. Je pense qu’ils sont venus nous apporter la paix mais aussi chercher du pétrole. Tant qu’ils ne nous font pas de mal, nous on ne s’en plaint pas ». La situation est totalement différente dans la province de Kapisa où sont déployés environ 700 soldats français du 3e RIMA (Régiment d’Infanterie de Marine). Ici, les combats entre insurgés taliban et militaires ont lieu tous les deux jours. Les populations sont les premières victimes des bombardements aériens et sont prises en étau entre les insurgés taliban et les forces françaises. Enayatullah Kouchi est membre du conseil provincial. Il est assez pessimiste sur l’avenir de sa province. « Les gens ici souffrent beaucoup de la situation, des bombardements, des patrouilles militaires récurrentes, de l’insécurité. Ils se sentent oubliés par le gouvernement. Alors ils tournent le dos aux forces étrangères et certains rejoignent le rang des insurgés ».
Un an après l’embuscade meurtrière du 18 août, le contingent français en Afghanistan, fort de 2900 hommes, poursuit sa mission d’assistance à la sécurité et de formation de l’armée nationale afghane. Mais son regard sur la situation a changé, l’Afghanistan est désormais considéré comme un terrain de guerre. En se déployant dans la province de Kapisa, la France est devenue une cible privilégiée pour les insurgés afghans. C’était la première fois que les soldats français faisaient face à une bataille de cette ampleur. Depuis son engagement en Afghanistan en 2002, la France a déjà perdu 29 soldats.
Constance de Bonnaventure

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