Qui êtes-vous ?

Jerusalem, Israel
Journaliste indépendante, je suis installée à Jérusalem depuis septembre 2009, après avoir vécu à Kaboul (Afghanistan)de janvier 2007 à décembre 2008. Lors de ces deux années, j'ai couvert pour plusieurs media, l'actualité afghane. Presse écrite, radio ou encore télé, j'ai multiplié les collaborations en radio et presse écrite. Correspondante de RFI, RTL, Radio Vatican, France Info, France Inter, France Culture et I télé, Le Parisien, L'Equipe Magazine, Le Figaro, Figaro Magazine, CB News, La Nouvelle République. Rentrée pour quelques mois en France, j'ai effectué quelques CDD chez RFI avant de repartir m'installer à l'étranger.

16/10/2008

Premiers pas vers les élections présidentielles...



Les hauts parleurs accrochés à la voiture tapissée de posters d’information retentissent dans le bazar de Charikar, ville de la Chamalie au nord de Kaboul : « Venez chercher vos cartes d’électeurs. Vous avez un mois pour vous enregistrer ! ». Au total, 4 bureaux ont été installés pour l’occasion dans des bâtiments publics de la ville: écoles, cliniques ou encore mosquées.

Au lycée Sadeqi, deux bureaux ont été ouverts : un pour les femmes, l’autre pour les garçons. Des policiers surveillent les entrées principales. Ce matin, on se bouscule pour récupérer sa nouvelle carte. Outre les nombreux jeunes qui ont atteint la majorité, ce sont aussi les réfugiés qui reviennent d’Iran ou du Pakistan qui ont besoin de s’enregistrer. Dans ce pays où 60% de la population a moins de 25 ans, les jeunes représentent une grande partie de l’électorat.

Wajia, bientôt 18 ans, uniforme noir et petit voile blanc, attend son tour pour se procurer sa première carte. « Je suis ici parce que je veux choisir le président du futur de notre pays. Je veux que l’Afghanistan se redresse. Notre président va surement construire des routes et des choses comme ça pour améliorer notre quotidien. » Wajia sait déjà qu’elle ne revotera pas pour Hamid Karzai. L’enthousiasme de ces jeunes est très vite balayé par les amertumes des électeurs de 2004. Il faut dire que la population afghane n’a pas vu son niveau de vie s’améliorer autant qu’elle pouvait l’espérer en 2001. Rien qu’à Kaboul, la capitale, les habitants n’ont qu’environ 2 heures d’électricité par jour et très peu d’eau courante.

Direction le petit village de Roja Sarayan à quelques minutes de Charikar. « Je préfère encore voter Georges Bush qu’Hamid Karzai ! » dit à moitié en riant le malek, autrement dit le chef du village. Ici, les habitants veulent du concret, comme Adul Qadir qui déclare : « je voterais pour celui qui fait le paquet de farine à 5000 afghanis (80 euros) ».

A peine arrivé dans le village, Qasim Ahmad, chargé de la campagne d’information sur l’enregistrement des électeurs, emprunte le micro de la mosquée pour passer son annonce aux villageois. Des posters sont collés un peu partout. Qasim Ahmad n’a pas une mission facile : il doit aller de village en village pour expliquer aux habitants l’intérêt de la carte d’électeurs. Une mission délicate qui lui impose de bien évaluer la politique des zones dans lesquelles il se rend. « Bien évidemment, on précise aux gens que ça n’engage à rien, et qu’ensuite ils pourront voter pour celui qu’ils veulent. On leur explique que s’ils ne votent pas ils ne pourront pas se plaindre après… On essaie de venir au bon moment dans les villages parce que les gens sont occupés. Par exemple, on va venir pendant la prière à la mosquée ou alors à la fin de l’école quand les gens sortent dans les rues» explique-t-il.
Mais l’équipe de Qasim est confrontée à un sérieux problème : beaucoup d’Afghans n’ont plus foi en les entités gouvernementales. « Le gouvernement n’a rien fait pour eux ! Rien ! Par exemple ces routes, elles n’ont jamais été refaites comme promis ! Du coup ces Afghans n’ont plus confiance, ils ne veulent pas voter » poursuit Qasim Ahmad.
Pourtant, à Charikar, on est bien loin des combats et de l’insécurité qui reste l’obstacle majeure au bon déroulé de cet enregistrement. Rappelons qu’une grande partie du pays vit dans la guerre et que les insurgés ont d’ores et déjà lancé un avertissement en déconseillant aux Afghans de participer à ce processus : « ne perdez pas votre temps pour des élections qui de toutes façons seront frauduleuses » a déclaré un porte-parole du mouvement. Dans le nord-est, un camion rempli de formulaires d’enregistrement a été brûlé et dans la province de Ghazni, au sud ouest de Kaboul, c’est par hélicoptères que les bulletins ont été acheminés. Chris Alexander, numéro 2 des Nations Unies en Afghanistan (un des principaux bailleurs de l’organisation de ces élections) essaie de garder son optimisme : « il y a beaucoup d’incertitudes à la veille du début de cet exercice. Les gens n’ont une confiance absolue que ça marche. Et bien sur, il va y avoir des pertes, des attaques. Il y en a déjà eues. Il y a des cas d’intimidation. Lorsque ça frappe, ça frappe dur. Il va falloir malgré cela créer une atmosphère de confiance et que ces élections commencent à être perçues comme étant inévitables »
L’enregistrement de millions d’électeurs est la première étape d’un parcours incertain qui doit déboucher sur les présidentielles l’année prochaine. Mais les difficultés rencontrées dès aujourd’hui laissent planer le doute sur la tenue du scrutin en 2009.
Constance de Bonnaventure

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dans l'instant du deuxième Espoir / § /

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