Qui êtes-vous ?

Jerusalem, Israel
Journaliste indépendante, je suis installée à Jérusalem depuis septembre 2009, après avoir vécu à Kaboul (Afghanistan)de janvier 2007 à décembre 2008. Lors de ces deux années, j'ai couvert pour plusieurs media, l'actualité afghane. Presse écrite, radio ou encore télé, j'ai multiplié les collaborations en radio et presse écrite. Correspondante de RFI, RTL, Radio Vatican, France Info, France Inter, France Culture et I télé, Le Parisien, L'Equipe Magazine, Le Figaro, Figaro Magazine, CB News, La Nouvelle République. Rentrée pour quelques mois en France, j'ai effectué quelques CDD chez RFI avant de repartir m'installer à l'étranger.

23/05/2007

Le cavalier de Kaboul


Afghanistan : Le cavalier de Kaboul

En Afghanistan, pays ruiné et dévasté par plus de 25 ans de guerre, certains arrivent à faire fructifier leurs rêves…A 28 ans, Louis Meunier fête le 5e anniversaire du jour où il a posé pour la première fois le pied sur le sol afghan. Après une enfance et adolescence tourangelles le voilà aujourd’hui à Kaboul où il travaille dans une société afghane de conseil et de publicité créée en 2003 par trois Français. Mais surtout, il se consacre pleinement à sa passion : le bouzkachi, sport national afghan où des cavaliers se disputent farouchement une carcasse de chèvre pour aller la placer dans un cercle délimité à la craie. Retour sur le parcours du jeune tchopendoz (cavalier) français…

Des yeux rêveurs, un sourire franc, Louis retrace son histoire avec l’Afghanistan à travers un discours teinté de nostalgie. A l’heure où la menace des Talibans pèse encore sur le pays, il nous offre un autre visage de l’Afghanistan.

ITINERAIRE D’UN JEUNE AVENTURIER
C’est à 23 ans que Louis Meunier foule pour la première fois le sol afghan. Après avoir passé les premiers mois de sa vie en Irak où son père était médecin, puis en région parisienne il s’installe à Fondettes. Il est scolarisé au collège Anatole France puis au Lycée Descartes de Tours. Rien ne laissait présager que Louis deviendrait le cavalier de l’Afghanistan qu’il est aujourd’hui, si ce n’est la culture familiale du voyage et son rêve d’un jour découvrir les steppes d’Asie Centrale. Diplômé d’une école de commerce parisienne, il arrive en Afghanistan début 2002 un peu par hasard. Alors qu’il avait postulé pour un poste au Tadjikistan il est finalement envoyé à Maimana au Nord de l’Afghanistan, un des fiefs du bouzkachi. A peine arrivé, Louis reprend l’équitation et s’entraîne chaque matin. Il participe à ses premiers bouzkachis dans cette province du nord. Il se souvient de ses cours pris à l’école militaire de Tours. Ce qui l’intéresse c’est « la complicité qui existe entre l’homme et le cheval ». La lecture du roman de Joseph Kessel, Les Cavaliers, est pour lui une révélation : « Kessel me donne l’envie de rester en Afghanistan ». Plus d’un an après, il doit regagner France.
Deux ans plus tard, en juillet 2005, Louis choisit de réaliser un de ses rêves et démissionne de son poste en France. Son projet : suivre les traces d’Ouroz, héros des Cavaliers de Kessel en effectuant le trajet Maimana-Bamiyan-Herat à cheval. Périple d’un mois et demi qui se terminera péniblement pour Louis puisque très malade, il est rapatrié en France.



LE BOUZKACHI
Sport national afghan, le bouzkachi est une très ancienne tradition provenant des steppes d’Asie Centrale. Il se pratique les vendredis ou jours de fêtes (jour de congé en Afghanistan), en période hivernale. Ce sport met en jeu des cavaliers se disputant une carcasse de chèvre ou de veau. Les règles sont variables : 2 ou 3 équipes de tchopendoz (cavaliers) s’affrontent pour s’arracher l’animal et en déposer la carcasse dans un cercle délimité à la craie. Les cavaliers sont chaussés de bottes à longs talons en bois, leur permettant de caler leurs pieds dans l’étrier. Ce spectacle violent et sublime à la fois a été excellemment relaté par l’écrivain et journaliste Joseph Kessel dans son œuvre intitulée Les Cavaliers, adaptée à l’écran par Pierre Schoendoerffer dans La Passe au Diable.



NAISSANCE D’UN VERITABLE TCHOPENDOZ

Mais une fois de plus, l’envie de retrouver l’Afghanistan le taraude. En mars 2006, il devient directeur financier chez Altai Consulting, société afghane de publicité et de communication. Il s’installe à Kaboul et s’achète deux chevaux locaux. C’est alors qu’il reprend le bouzkachi qui plus qu’un sport devient pour lui une véritable passion : « c’est beau et enivrant. La mêlée a quelque chose de vivant et de frénétique ». C’est aussi pour lui une façon de se rapprocher du peuple afghan : « pratiquer le bouzkachi est pour moi une belle manière de pénétrer la culture afghane et de m’intégrer ici ». Il remarque que sur un cheval, l’homme est immédiatement respecté. Pari gagné puisque Louis a été chargé cette année de constituer la nouvelle équipe de Kaboul même s’« il a fallu quand même se battre pour se faire une place ». Pour autant, le tchopendoz français regrette la perte de tradition voire la perversion de ce sport : « aujourd’hui, la pratique du bouzkachi à Kaboul est difficile car elle dépend parfois des chefs de guerre ».

Dans quelques mois, Louis quittera probablement l’Afghanistan, avec la ferme intention d’y revenir pour garder son rôle de tchopendoz. Mais avant tout, Louis veut payer son tribut à Joseph Kessel : « je lui dois tout ce que je suis ici ». Pour cela, il défend la cause des chevaux afghans qui se font de plus en plus rares. Ainsi, il récolte de l’argent destiné à rénover les écuries ou encore aplanir les espaces vierges pour que Kaboul ait son véritable terrain, en un mot, préserver la tradition afghane du bouzkachi. « Je n’ai que des rêves mais c’est ce qui tient en vie ».

Pour contacter Louis Meunier et apporter son soutien aux chevaux de l’Afghanistan, rendez-vous sur son blog : http://mambo.blogspirit.com/

Constance de Bonnaventure

Mort du mollah Dadullah

LE FIGARO
Publié le 14 mai 2007

Actualité International Kaboul
CONSTANCE DE BONNAVENTURE.

Le mollah Dadullah a été tué samedi par les forces afghanes et celles de l'Otan dans la province du Helmand. IL ÉTAIT l'un des principaux chefs talibans en Afghanistan, commandant militaire de la milice islamique pour le sud du pays. Une quarantaine d'années, unijambiste, la barbe broussailleuse et le regard noir, le mollah Dadullah était sans aucun doute le chef militaire le plus redouté de la région. Il a été tué dans la nuit de samedi à dimanche lors d'une opération conjointe des forces afghanes et de l'Otan dans la province du Helmand, selon les autorités afghanes. L'Otan a confirmé la nouvelle. Les talibans, quant à eux, la démentent catégoriquement et parlent de « propagande ». Ils promettent un prochain enregistrement prouvant que Dadullah est encore en vie. Pourtant, hier, le gouverneur de Kandahar, Assadulah Khalid, exhibait le corps du mollah Dadullah devant la presse. « Le mollah Dadullah sera très certainement remplacé, mais un coup important a été porté contre l'insurrection », a commenté hier la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), qui dépend de l'Otan. Pour elle, si l'on tient compte du rôle du mollah Dadullah au sein de la rébellion, il s'agit d'une victoire non négligeable. Il était l'un des hommes les plus recherchés d'Afghanistan, responsable des attaques dans le sud du pays, un des piliers de la milice islamique, proche du mollah Omar, chef spirituel des talibans. Célèbre pour sa férocité, il a été comparé à Abou Moussab al-Zarqawi, l'ancien chef d'al- Qaida en Irak, tué par un raid américain. Originaire de la province de l'Ourouzgan, proche de Kandahar, le mollah Dadullah a rejoint dès sa création le mouvement taliban, en 1994, au côté du mollah Omar, après avoir combattu les troupes soviétiques dans les années 1980. La perte de sa jambe gauche ne l'empêche pas de poursuivre ses activités guerrières. En 2001, il est tenu pour responsable du massacre d'au moins 170 civils dans la province de Bamiyan. Apôtre des attentats suicides C'est en 2004 qu'il est nommé à la tête des opérations pour le sud et l'ouest de l'Afghanistan. Il devient vite membre du comité exécutif des talibans, qui compte dix personnes. En 2005, il a un rôle décisif dans la préparation de l'offensive des talibans : c'est notamment à lui que l'on doit la généralisation des attentats suicides dont il fait la propagande par l'intermédiaire de vidéos. Dès lors, le mouvement taliban s'inspire des techniques de la guérilla irakienne. Le mollah Dadullah s'est aussi vite posé comme l'interlocuteur obligé des Occidentaux. Il est impliqué dans plusieurs actes terroristes et assassinats d'Occidentaux ou d'Afghans. Lors de l'enlèvement du journaliste italien Daniele Mastrogiacomo, Dadullah négocie sa libération, le 19 mars dernier, en échange de cinq talibans, dont l'un n'est autre que son frère. Quelques jours plus tard, il ordonne la mise à mort de l'interprète de Mastrogiacomo - le chauffeur ayant été tué auparavant -, ce qui avait suscité une vive émotion au sein de la population afghane. Kaboul accuse aussi Dadullah d'avoir ordonné l'exécution d'un délégué suisse de la Croix-Rouge qui avait été enlevé dans le sud de l'Afghanistan en 2003. Lors de l'affaire des caricatures de Mahomet, il aurait promis une récompense de 100 kilos d'or pour chaque assassinat de caricaturiste. Dadullah est l'un des plus hauts responsables talibans à être tué depuis la chute du régime en 2001. Pour le mouvement taliban, c'est une perte importante dont on ne sait si elle peut suffire à déstabiliser l'insurrection. L'intensité des combats de l'été apportera un début de réponse.

http://www.lefigaro.fr/international/20070514.FIG000000297_un_important_chef_taliban...

Ultimatum des taliban pour la libération des otages

LE FIGARO

Publié le 6 mai 2007
International

Afghanistan : l’ultimatum pour la libération des otages est repoussé.

L’ultimatum pour la libération d’Eric Damfreville, l’humanitaire français de l’ONG Terre d’Enfance et de ses trois collaborateurs afghans prisonniers des talibans depuis le 3 avril dernier a une fois encore été repoussé. Initialement fixé au résultat des présidentielles françaises, il est maintenant reporté à la formation du nouveau gouvernement français, soit après le 17 mai, date de la prise de fonction du prochain président. « Comme les élections se poursuivent en France, le conseil de direction des taliban a repoussé l’ultimatum à la formation d’un nouveau gouvernement » a déclaré à l’AFP Yousuf Ahmadi, un porte-parole des taliban. A cette annonce, le Quai d’Orsay a privilégié une fois encore la discrétion et n’a pas souhaité s’exprimer.

Cette décision des taliban montre que la milice islamiste est très attentive à la vie politique française et qu’elle attend du prochain président qu’il réponde à ses requêtes. Ces revendications sont au nombre de deux : d’une part le retrait des troupes françaises d’Afghanistan, d’autre part, la libération de prisonniers taliban. Nicolas Sarkozy, puis, le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, avaient déclaré la semaine dernière que les forces françaises « n’ont pas de vocation à rester en Afghanistan ». Les taliban attendraient alors pour négocier avec un nouveau gouvernement.

En Afghanistan, 210 français sont enregistrés dans les fichiers de l’ambassade de France. La plupart vivent à Kaboul, travaillant pour des ONG ou des entreprises privées. Tous se sentent extrêmement concernés par cet enlèvement et avouent avoir quelque peu changé leurs habitudes. Les ONG ont renforcé leurs mesures de sécurité. « Il faut prendre en compte cette recrudescence d’enlèvements. Nous gardons nos mesures de sécurité habituelles en les renforçant » explique Thierry Laurent-Badin, chef de mission chez Action contre la Faim. La quinzaine d’expatriés français de cette ONG se dit marquée par l’enlèvement. Pour Marie de Moussac, chargée des relations publiques à l’Union des Journalistes Afghans, la vigilance se traduit par de petits gestes quotidiens : « Je ferme toujours les portes de la voiture à clef, je ne reste pas dans les embouteillages, je ne sors jamais seule ». Même si elle n’est pas angoissée au quotidien, Marie s’inquiète de l’avenir. « Le plus effrayant est de constater que les taliban continuent à enlever des occidentaux pour faire pression sur le gouvernement Karzai ».

Ici, tous les Français attendent la fin de l’ultimatum et espèrent une proche libération d’Eric et de ses trois collaborateurs. L’annonce des talibans a d’ailleurs étonné certains. « Je ne pensais pas que les talibans suivaient l’actualité française à ce point » s’étonne Marie. « Nous n’avons qu’à attendre et espérer » déclare Thierry.

Dimanche soir, les Français de Kaboul étaient tous réunis devant leurs écrans télévisés pour suivre les résultats du second tour. Plusieurs soirées électorales étaient organisées dans les diverses maisons. La nouvelle du report de l’ultimatum pour la libération d’Eric et de ses trois accompagnateurs était aussi au cœur des discussions et des appréhensions.

Constance de Bonnaventure

Prise d'otages en Afghanistan

LE FIGARO

Publié le 16 avril 2007
Actualité International Kaboul
CONSTANCE DE BONNAVENTURE.


Quelque 210 Français travaillent en Afghanistan, la plupart à titre humanitaire. Tous appliquent des règles relativement strictes de sécurité et excluent jusqu'ici de quitter le pays. MALGRÉ l'enlèvement de Céline et d'Éric, les ONG et les entreprises françaises présentes en Afghanistan refusent de se laisser gagner par la psychose. Toutes jusqu'ici veulent poursuivre leurs actions en Afghanistan. Mais la vigilance est plus que jamais de mise. La plupart ont renforcé les mesures de sécurité. La France fait partie du paysage humanitaire afghan depuis les années 1970. Une vingtaine d'ONG françaises sont présentes en Afghanistan. Leur action porte surtout, depuis six ans, sur un travail de reconstruction et de développement. Au total, 210 Français sont enregistrés à l'ambassade de France. Les règles de sécurité varient d'une ONG ou entreprise à l'autre, en fonction de leurs activités, mais aussi de leurs moyens financiers. Chez Handicap international (HI), habitations et voitures sont banalisées et les gardes ne sont pas armés. Les humanitaires d'Handicap international ne peuvent cependant se déplacer qu'en véhicule HI. Un radio-opérateur suit leurs moindres mouvements : les expatriés sont localisés en permanence. Certains lieux sont autorisés, d'autres fortement déconseillés. Les femmes ne sortent jamais seules. Tous les jeudis soir, Arnaud Quemin, chef de mission d'HI, organise une réunion pour rappeler les consignes de sécurité. Véhicule banalisé Handicap international est présente à Kaboul, dans le Helmand, à Hérat et à Kandahar pour des missions ponctuelles. HI a ouvert un centre de kinésithérapie et d'orthopédie au sein de l'hôpital régional de Kandahar. Arnaud s'y rend en avion. Sur place, il utilise un véhicule banalisé et se limite à des trajets entre sa maison, l'hôpital et son bureau. « Le risque d'enlèvement a été pris en compte dès le début », affirme-t-il. Mathieu Beley vit en Afghanistan depuis bientôt quatre ans. Diplômé d'HEC, il a créé Gulestan, une entreprise de distillerie d'huiles essentielles implantée à Jalalabad, dans l'est du pays. Ses employés sont uniquement des Afghans. « Je ne m'impose aucune règle de sécurité dans les régions où j'ai l'habitude d'aller. » En contrepartie, Mathieu est toujours accompagné d'un local. « On sait que je suis un invité de la population. » Il voyage en taxi collectif et, la plupart du temps, est habillé à l'afghane. « Certes, il y a un risque, reconnaît-il. Mais il serait tout aussi dangereux pour la communauté occidentale de se replier sur elle-même. » Mathieu parle la langue locale, le dari. Il arrive ainsi à se fondre dans la population afghane. Pour lui, c'est la clé de la confiance. « Et cela fonctionne, puisqu'on me rappelle chaque jour à quel point on aime les Français dans ce pays ! » constate-t-il. « On évite de sortir de Kaboul » Franco-afghan, Ehsan Mehrangais dirige l'ONG Afghanistan Demain dont l'objectif est de recueillir et réinsérer les enfants des rues. Il travaille avec deux expatriées françaises. Grand connaisseur de l'Afghanistan, il n'en reste pas moins sceptique sur l'avenir de la sécurité ici : « On y pense, mais on continue à travailler. Maintenant, nous évitons de sortir de Kaboul et je n'autorise plus de week-ends en province. » Il explique que la situation s'est détériorée non seulement depuis l'enlèvement des deux humanitaires français, mais aussi à cause de la mort de l'interprète afghan de l'otage Daniele Mastrogiacomo. « Les Afghans sont énervés et en veulent terriblement au gouvernement Karzaï », explique Ehsan. Le président Hamid Karzaï avait accepté de relâcher cinq prisonniers talibans contre la libération, le 19 mars, du journaliste italien, mais son interprète avait été décapité quelques jours plus tard faute d'un accord similaire.

http://www.lefigaro.fr/international/20070416.FIG000000311_les_ong_francaises_redoubl ...

Enlèvement de deux humanitaires français dans le Nimroz

LE FIGARO
Publié le 6 avril 2007

Kaboul
CONSTANCE DE BONNAVENTURE.

Les talibans en lutte contre le pouvoir proaméricain de Kaboul ont revendiqué l'enlèvement des deux humanitaires. La police poursuivait les recherches vendredi pour tenter de les retrouver, dans la le sud-ouest du pays. À KABOUL, les expatriés français étaient inquiets hier après la confirmation de l'enlèvement par les rebelles talibans, mardi, de deux humanitaires français de l'organisation non-gouvernementale (ONG) Terre d'Enfance. Un homme et une femme, ainsi que leurs trois guides afghans, ont disparu dans la province de Nimroz, située dans le sud-ouest du pays, entre la province du Helmand et l'Iran. Leur enlèvement a été revendiqué par les talibans, mercredi par un porte-parole, puis de nouveau hier sur un site Internet. Le gouverneur de la province de Nimroz, Gulam Dastgir Azsad, a accusé les deux victimes de n'avoir pas respecté les consignes de sécurité. « Ils n'ont pas informé les autorités de leur voyage, et leur négligence est responsable de leur enlèvement », a-t-il dit à l'AFP. Le Quai d'Orsay et l'ambassade de France à Kaboul se sont mobilisés pour obtenir leur libération. « Comme toujours en ce genre de circonstances, nous nous en tiendrons à la plus grande discrétion », a déclaré le porte-parole du ministère. Composée d'une équipe de deux Français et de huit Afghans, Terre d'Enfance s'occupe de défendre le droit à l'éducation. Fondée en 2002, l'ONG a ouvert son centre d'animation et d'éducation dans la province de Nimroz, à Zaranj, à la frontière avec l'Iran. Depuis plus d'un an, on note une recrudescence de la violence dans cette région, proche du Helmand, fief des talibans. Les deux Français voulaient rejoindre la province de Farah. Ils avaient l'habitude de se déplacer en avion pour parcourir de longues distances. Mais ce jour- là, pour une raison indéterminée, ils ont pris la route. « Cibles potentielles » Près de 300 Français sont enregistrés sur les fichiers de l'ambassade de France à Kaboul. Ils travaillent pour des ONG ou associations liées à l'humanitaire. Ils sont, pour la plupart, soumis à de strictes règles de sécurité, comme le fait de se déplacer avec un chauffeur ou encore la nécessité d'avoir des gardes devant les maisons. Pour Thomas Hugonnier, chef de mission pour l'ONG Solidarités, « cet enlèvement fait comprendre aux expatriés qu'ils peuvent aussi être des cibles potentielles ». Solidarités travaille à Kaboul, Bamiyan et Samangan, des provinces du Nord. « Nous n'irions pas nous installer dans le Sud. Je considère que dès lors qu'il y a de l'insécurité, on ne peut faire du bon travail », dit Thomas Hugonnier. Arnaud Quemin est responsable d'Handicap International en Afghanistan. Basée à Kaboul, l'ONG a des antennes dans le Sud. « La sécurité est primordiale ici. Pas de négligence : il faut respecter en permanence les mesures imposées. » Handicap International a fait le choix de ne pas placer d'expatriés permanents dans ces régions. « Cet événement montre qu'il ne faut pas faire preuve d'imprudence. » Tous les jeudis soir, Arnaud Quemin organise un point sécurité ; une liste de restaurants autorisés est affichée dans le hall de sa maison d'hôtes, et un radio-opérateur suit les moindres mouvements de chacun. Mêmes principes chez la plupart des ONG. Pour Marc Victor, patron du restaurant français de Kaboul, lieu privilégié de la population expatriée, le danger ne concerne pas directement la capitale afghane : « Kaboul est une ville beaucoup plus contrôlée que le reste du pays. » Marc Victor doit répondre aux critères de sécurité de l'ONU pour être sur la liste des restaurants autorisés aux expatriés : murs de plus de trois mètres de haut, films plastifiés aux fenêtres, gardes armés dans les rues. Dans le Nimroz, les recherches se poursuivent. 200 policiers ont été déployés sur toute la province. Le ministère de l'Intérieur afghan a déclaré avoir ouvert une enquête, mais les motifs de l'enlèvement restent encore inconnus.

http://www.lefigaro.fr/international/20070406.FIG000000211_inquietude_a_kaboul_apres_...