Afghanistan : Le cavalier de Kaboul
En Afghanistan, pays ruiné et dévasté par plus de 25 ans de guerre, certains arrivent à faire fructifier leurs rêves…A 28 ans, Louis Meunier fête le 5e anniversaire du jour où il a posé pour la première fois le pied sur le sol afghan. Après une enfance et adolescence tourangelles le voilà aujourd’hui à Kaboul où il travaille dans une société afghane de conseil et de publicité créée en 2003 par trois Français. Mais surtout, il se consacre pleinement à sa passion : le bouzkachi, sport national afghan où des cavaliers se disputent farouchement une carcasse de chèvre pour aller la placer dans un cercle délimité à la craie. Retour sur le parcours du jeune tchopendoz (cavalier) français…
Des yeux rêveurs, un sourire franc, Louis retrace son histoire avec l’Afghanistan à travers un discours teinté de nostalgie. A l’heure où la menace des Talibans pèse encore sur le pays, il nous offre un autre visage de l’Afghanistan.
ITINERAIRE D’UN JEUNE AVENTURIER
C’est à 23 ans que Louis Meunier foule pour la première fois le sol afghan. Après avoir passé les premiers mois de sa vie en Irak où son père était médecin, puis en région parisienne il s’installe à Fondettes. Il est scolarisé au collège Anatole France puis au Lycée Descartes de Tours. Rien ne laissait présager que Louis deviendrait le cavalier de l’Afghanistan qu’il est aujourd’hui, si ce n’est la culture familiale du voyage et son rêve d’un jour découvrir les steppes d’Asie Centrale. Diplômé d’une école de commerce parisienne, il arrive en Afghanistan début 2002 un peu par hasard. Alors qu’il avait postulé pour un poste au Tadjikistan il est finalement envoyé à Maimana au Nord de l’Afghanistan, un des fiefs du bouzkachi. A peine arrivé, Louis reprend l’équitation et s’entraîne chaque matin. Il participe à ses premiers bouzkachis dans cette province du nord. Il se souvient de ses cours pris à l’école militaire de Tours. Ce qui l’intéresse c’est « la complicité qui existe entre l’homme et le cheval ». La lecture du roman de Joseph Kessel, Les Cavaliers, est pour lui une révélation : « Kessel me donne l’envie de rester en Afghanistan ». Plus d’un an après, il doit regagner France.
Deux ans plus tard, en juillet 2005, Louis choisit de réaliser un de ses rêves et démissionne de son poste en France. Son projet : suivre les traces d’Ouroz, héros des Cavaliers de Kessel en effectuant le trajet Maimana-Bamiyan-Herat à cheval. Périple d’un mois et demi qui se terminera péniblement pour Louis puisque très malade, il est rapatrié en France.
LE BOUZKACHI
Sport national afghan, le bouzkachi est une très ancienne tradition provenant des steppes d’Asie Centrale. Il se pratique les vendredis ou jours de fêtes (jour de congé en Afghanistan), en période hivernale. Ce sport met en jeu des cavaliers se disputant une carcasse de chèvre ou de veau. Les règles sont variables : 2 ou 3 équipes de tchopendoz (cavaliers) s’affrontent pour s’arracher l’animal et en déposer la carcasse dans un cercle délimité à la craie. Les cavaliers sont chaussés de bottes à longs talons en bois, leur permettant de caler leurs pieds dans l’étrier. Ce spectacle violent et sublime à la fois a été excellemment relaté par l’écrivain et journaliste Joseph Kessel dans son œuvre intitulée Les Cavaliers, adaptée à l’écran par Pierre Schoendoerffer dans La Passe au Diable.
NAISSANCE D’UN VERITABLE TCHOPENDOZ
Mais une fois de plus, l’envie de retrouver l’Afghanistan le taraude. En mars 2006, il devient directeur financier chez Altai Consulting, société afghane de publicité et de communication. Il s’installe à Kaboul et s’achète deux chevaux locaux. C’est alors qu’il reprend le bouzkachi qui plus qu’un sport devient pour lui une véritable passion : « c’est beau et enivrant. La mêlée a quelque chose de vivant et de frénétique ». C’est aussi pour lui une façon de se rapprocher du peuple afghan : « pratiquer le bouzkachi est pour moi une belle manière de pénétrer la culture afghane et de m’intégrer ici ». Il remarque que sur un cheval, l’homme est immédiatement respecté. Pari gagné puisque Louis a été chargé cette année de constituer la nouvelle équipe de Kaboul même s’« il a fallu quand même se battre pour se faire une place ». Pour autant, le tchopendoz français regrette la perte de tradition voire la perversion de ce sport : « aujourd’hui, la pratique du bouzkachi à Kaboul est difficile car elle dépend parfois des chefs de guerre ».
Dans quelques mois, Louis quittera probablement l’Afghanistan, avec la ferme intention d’y revenir pour garder son rôle de tchopendoz. Mais avant tout, Louis veut payer son tribut à Joseph Kessel : « je lui dois tout ce que je suis ici ». Pour cela, il défend la cause des chevaux afghans qui se font de plus en plus rares. Ainsi, il récolte de l’argent destiné à rénover les écuries ou encore aplanir les espaces vierges pour que Kaboul ait son véritable terrain, en un mot, préserver la tradition afghane du bouzkachi. « Je n’ai que des rêves mais c’est ce qui tient en vie ».
Pour contacter Louis Meunier et apporter son soutien aux chevaux de l’Afghanistan, rendez-vous sur son blog : http://mambo.blogspirit.com/
Constance de Bonnaventure
En Afghanistan, pays ruiné et dévasté par plus de 25 ans de guerre, certains arrivent à faire fructifier leurs rêves…A 28 ans, Louis Meunier fête le 5e anniversaire du jour où il a posé pour la première fois le pied sur le sol afghan. Après une enfance et adolescence tourangelles le voilà aujourd’hui à Kaboul où il travaille dans une société afghane de conseil et de publicité créée en 2003 par trois Français. Mais surtout, il se consacre pleinement à sa passion : le bouzkachi, sport national afghan où des cavaliers se disputent farouchement une carcasse de chèvre pour aller la placer dans un cercle délimité à la craie. Retour sur le parcours du jeune tchopendoz (cavalier) français…
Des yeux rêveurs, un sourire franc, Louis retrace son histoire avec l’Afghanistan à travers un discours teinté de nostalgie. A l’heure où la menace des Talibans pèse encore sur le pays, il nous offre un autre visage de l’Afghanistan.
ITINERAIRE D’UN JEUNE AVENTURIER
C’est à 23 ans que Louis Meunier foule pour la première fois le sol afghan. Après avoir passé les premiers mois de sa vie en Irak où son père était médecin, puis en région parisienne il s’installe à Fondettes. Il est scolarisé au collège Anatole France puis au Lycée Descartes de Tours. Rien ne laissait présager que Louis deviendrait le cavalier de l’Afghanistan qu’il est aujourd’hui, si ce n’est la culture familiale du voyage et son rêve d’un jour découvrir les steppes d’Asie Centrale. Diplômé d’une école de commerce parisienne, il arrive en Afghanistan début 2002 un peu par hasard. Alors qu’il avait postulé pour un poste au Tadjikistan il est finalement envoyé à Maimana au Nord de l’Afghanistan, un des fiefs du bouzkachi. A peine arrivé, Louis reprend l’équitation et s’entraîne chaque matin. Il participe à ses premiers bouzkachis dans cette province du nord. Il se souvient de ses cours pris à l’école militaire de Tours. Ce qui l’intéresse c’est « la complicité qui existe entre l’homme et le cheval ». La lecture du roman de Joseph Kessel, Les Cavaliers, est pour lui une révélation : « Kessel me donne l’envie de rester en Afghanistan ». Plus d’un an après, il doit regagner France.
Deux ans plus tard, en juillet 2005, Louis choisit de réaliser un de ses rêves et démissionne de son poste en France. Son projet : suivre les traces d’Ouroz, héros des Cavaliers de Kessel en effectuant le trajet Maimana-Bamiyan-Herat à cheval. Périple d’un mois et demi qui se terminera péniblement pour Louis puisque très malade, il est rapatrié en France.
LE BOUZKACHI
Sport national afghan, le bouzkachi est une très ancienne tradition provenant des steppes d’Asie Centrale. Il se pratique les vendredis ou jours de fêtes (jour de congé en Afghanistan), en période hivernale. Ce sport met en jeu des cavaliers se disputant une carcasse de chèvre ou de veau. Les règles sont variables : 2 ou 3 équipes de tchopendoz (cavaliers) s’affrontent pour s’arracher l’animal et en déposer la carcasse dans un cercle délimité à la craie. Les cavaliers sont chaussés de bottes à longs talons en bois, leur permettant de caler leurs pieds dans l’étrier. Ce spectacle violent et sublime à la fois a été excellemment relaté par l’écrivain et journaliste Joseph Kessel dans son œuvre intitulée Les Cavaliers, adaptée à l’écran par Pierre Schoendoerffer dans La Passe au Diable.
NAISSANCE D’UN VERITABLE TCHOPENDOZ
Mais une fois de plus, l’envie de retrouver l’Afghanistan le taraude. En mars 2006, il devient directeur financier chez Altai Consulting, société afghane de publicité et de communication. Il s’installe à Kaboul et s’achète deux chevaux locaux. C’est alors qu’il reprend le bouzkachi qui plus qu’un sport devient pour lui une véritable passion : « c’est beau et enivrant. La mêlée a quelque chose de vivant et de frénétique ». C’est aussi pour lui une façon de se rapprocher du peuple afghan : « pratiquer le bouzkachi est pour moi une belle manière de pénétrer la culture afghane et de m’intégrer ici ». Il remarque que sur un cheval, l’homme est immédiatement respecté. Pari gagné puisque Louis a été chargé cette année de constituer la nouvelle équipe de Kaboul même s’« il a fallu quand même se battre pour se faire une place ». Pour autant, le tchopendoz français regrette la perte de tradition voire la perversion de ce sport : « aujourd’hui, la pratique du bouzkachi à Kaboul est difficile car elle dépend parfois des chefs de guerre ».
Dans quelques mois, Louis quittera probablement l’Afghanistan, avec la ferme intention d’y revenir pour garder son rôle de tchopendoz. Mais avant tout, Louis veut payer son tribut à Joseph Kessel : « je lui dois tout ce que je suis ici ». Pour cela, il défend la cause des chevaux afghans qui se font de plus en plus rares. Ainsi, il récolte de l’argent destiné à rénover les écuries ou encore aplanir les espaces vierges pour que Kaboul ait son véritable terrain, en un mot, préserver la tradition afghane du bouzkachi. « Je n’ai que des rêves mais c’est ce qui tient en vie ».
Pour contacter Louis Meunier et apporter son soutien aux chevaux de l’Afghanistan, rendez-vous sur son blog : http://mambo.blogspirit.com/
Constance de Bonnaventure